top of page
Rechercher

"Simple comme Sylvain" : peut-on encore apprendre à aimer ?

Autrice : Séléna Frebault (@selenafrb)


Entre deux bandes-annonces était apparu ce film. Il paraissait être une histoire d’amour banale, avec un fond de neige et d’accent québécois. On n’a pas réfléchi longtemps, on a une carte de ciné alors mon couple préféré de ciné buddies et moi, on y est allés. Je ne m’attendais pas à aimer ce film autant, et encore moins à écrire un article dessus mais ça a été un véritable coup de cœur, un truck qui m’a foncé dessus de plein fouet, j’ai adoré !


On suit donc la vie de Sofia, professeure de philosophie à Montréal qui est en couple depuis dix ans avec son copain, Xavier et qui rencontre Sylvain. Sylvain c’est la fougue, l’émotion, la passion. Xavier c’est le rire, le confort, l’intimité ne pouvant exister que lorsqu’on connait si bien une personne qu’on a l’impression de s’être déjà tout partagé. Et alors commence toute une réflexion sur l’amour, entrecoupée de pensées philosophiques qu’elle explique à ses élèves durant ses cours, qui viennent enrober l’histoire, la bercer. Qu’est-ce que l’amour dans la durabilité ? Est-ce qu’un amour qui dure c’est un amour qui garde du désir ou qui s’en affranchit pour devenir une forme d’amitié particulièrement intime et durable ? Est-ce que l’être humain est irrémédiablement insatisfait et donc incapable de faire durer un amour unique sur le temps ? Est-ce que c’est une violence de se forcer à justement faire durer un amour ?


C’est toutes ces questions qui émergent, ces doutes de cette femme qui se cherche et qui ne sait plus ce qu’est aimer. Ces questions qui, d’une manière ou d’une autre, font écho avec qui on est. On souhaite tous avoir de l’amour dans nos vies, mais lequel ?


Alors, on voit naître cet amour improbable, maladroit, entre Sofia et Sylvain, ce choc des mondes et des cultures. L’une appartient à ce petit monde de bobos gauchots qui clament la tolérance mais qui supportent peu la différence dans la confrontation à l’autre, qui luttent contre les préjugés mais est bourré de clichés sur les « beaufs » et la campagne. Des gens qui vivent dans l’abstrait, dans des discussions faussement compliquées, dans des débats sans fin et qui savent se raconter. Et de l’autre côté, on a ces québécois de la campagne, qui utilisent « De quessé » pour dire « De quoi », qui sont un peu dans le complot, un peu à côté de la plaque, qui rabaissent leurs femmes parce que c’est viril et qui sont incapables d’être politiquement corrects. Mais quand les mondes de Sofia et Sylvain s’entrechoquent, c’est tout en douceur, en tendresse, en subtilité. Mona Chokri exploite un peu les clichés, mais sans forcer le ton, sans dire que tout est bon à jeter. Elle fait des portraits réalistes, touchants et magnifiquement humains de personnes coincées dans leurs conditions sans même s’en rendre compte. On assiste alors à une découverte de l’autre par le biais de scènes de sexe féministes, comme on en voit rarement, décentrés du corps de la femme qui est souvent instrumentalisé et recentré sur le plaisir, l’écoute, le partage. Des scènes qui cherchent à donner envie à tous plutôt qu’à une certaine tranche de la population (oui, bien sûr je parle des hommes). Et c’est à travers ces scènes qu’on se rend aussi compte de la possibilité de cet amour éclectique et improbable. Et puis bien sûr, cet amour se révèle à travers l’accent québécois, sous toutes ces nuances, cet accent qui vient l’embellir et nous faire rire, rire, rire (vraiment j’adore l’accent québécois) même quand on ne devrait pas. Calissseee !


Et pourtant, on a beau aimé ces personnages instantanément, on n’est pas sûrs de les aimer ensemble. Reviennent alors les questions : comment peut-il exister un amour entre deux personnes que si peu rassemblent ? Cet amour serait-il fait pour durer ? En acceptant l’autre et sans vouloir le/la changer ? Que doit-on privilégier un amour passionnel et démesuré ou un amour conscient, réfléchi, posé mais dénué de désir ? La réalité de l’amour est-elle si binaire ? Peut-on les concilier ? Que sommes nous alors prêts à sacrifier pour la durabilité ?


Je vous laisse sur ces questions qui me travaillent. J’espère qu’elles auront éveillé un soupçon de curiosité. N’hésitez pas à venir m’en parler !


Sur ce, je vous souhaite d’aller voir ce film et de vous émerveiller des gens que vous aimez.

43 vues0 commentaire
bottom of page